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La bienveillance : fruit de l’Esprit Saint


Plus d’un an de confinements ou de périodes de « distanciation sociale » à cause de la pandémie ! Et, si la saison de l’été apporte une amélioration pour reprendre les contacts humains d’une façon plus détendue, nous ne sommes pas sûrs de profiter longtemps de ce répit.

Cette épreuve nous a touchés en profondeur, sans doute plus que nous le croyons, avec une dégradation des relations que nous avons les uns avec les autres.

Les précautions sanitaires, justifiées pour éviter d’être vecteurs de la propagation du virus, ont parfois dégénéré en méfiance de l’autre et en soupçon systématisé. Le confinement, en nous repliant sur nous-mêmes, a pu affaiblir en nous « le goût des autres ».

La peur, l’incertitude devant l’avenir, l’enfermement sur soi-même, l’ennui et le mal-être générés par la pandémie ont conduit à beaucoup d’agressivité : littéralement, on en vient à « ne plus supporter les autres », que ce soit en famille, au travail ou en Église.

Alors quel remède pour retrouver des relations plus vraies et plus apaisées ? Il est contenu dans le fruit de l’Esprit que Saint-Paul nomme « bienveillance » dans sa lettre aux Galates.

Mais qu’est-ce que la bienveillance ?

Elle n’est pas ce qu’elle est devenue dans les formules épistolaires lorsqu’on « sollicite la bienveillance » de celui dont on attend une faveur. C’est là une expression toute faite où la bienveillance sollicitée est dégradée en condescendance.

Elle est plus que la gentillesse qui peut être une façon douce de « se défiler » devant l’autre, sans se laisser déranger par lui, ou du moins, une façon de vouloir faire plaisir à l’autre plutôt que de rechercher son bien véritable.

On peut souligner avec Aristote qu’elle n’est pas l’amitié, qui suppose la réciprocité ; mais qu’il n’y a pas d’amitié s’il n’y pas eu d’abord la bienveillance qui nous prédispose à accueillir d’une façon favorable celui que nous rencontrons.

Elle n’est pas non plus la compassion qui nous rend sensible au malheur de l’autre. Mais il n’y a pas compassion sans une attitude préalable de bienveillance qui nous rend attentif à ce que vit celui que nous rencontrons.

Alors qu’est-ce que la bienveillance ?

Risquons une définition. La bienveillance est la bonté appliquée à nos relations concrètes avec tout frère et toute soeur en humanité. Elle est une disposition de la volonté qui incline à voir ce qu’il y a de bon en celui que nous rencontrons et qui cherche à agir en toute circonstance pour son bien.

La bienveillance comporte donc deux faces : tout d’abord un accueil favorable « a priori » de celui que nous rencontrons en cherchant à rejoindre ce qui est bon en lui ; ensuite une recherche constante de son bien dans toutes nos relations avec lui.

Plus qu’un sentiment, la bienveillance est une inclination de la volonté, une attitude morale qui nous engage envers l’autre. Comme toute attitude morale, elle repose sur des dispositions naturelles qui se travaillent pour être développées consciemment et devenir un « habitus » positif. La bienveillance est en germe dans la conscience naturelle de chacun, mais elle doit être cultivée pour se déployer en acte et en vérité.

En définitive la bienveillance trouve toute sa fécondité en harmonie avec les autres dimensions du fruit de l’Esprit énumérées par saint Paul :

Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. (Galates 5, 22-23).


François JACOLIN, Évêque de Luçon

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