La fraternité, une devise pour tous
Le mot de 'fraternité' s'inscrit au fronton de nos édifices publics, à côté de la 'liberté' et de l''égalité' depuis 200 ans. Notre pays peut s'honorer d'une telle devise ; elle exprime un idéal élevé de vie en société... Le mot de fraternité s'emploie souvent comme l'équivalent de la solidarité, mais il dit bien plus ; si la solidarité est ce qui nous relie dans un système de droits et de devoirs (la sécurité sociale, par ex.), la fraternité est un lien plus profond et plus universel encore. Notre société est marquée, de plus en plus visiblement, par le pluralisme des nationalités, des religions, des courants de pensée et des modes de vie ; elle est exposée de ce fait à se fragmenter en îlots dits 'communautaires'. C'est pourquoi il est urgent de nous rappeler que la fraternité est une composante indispensable pour notre 'vivre ensemble'.
La fraternité sociale : quel fondement ? Je pense que le fondement d'une société fraternelle consiste à reconnaître chaque personne comme digne de vivre humainement, quel que soit son état ; c'est une société respectueuse de la dignité inaliénable de toute personne humaine, depuis l'enfant à naître jusqu'à la personne en fin de vie ; une société qui inscrit dans ses lois et ses règles juridiques un tel respect affirme que nous sommes tous frères et sœurs en humanité. Pour nous, croyants, cette dignité – et donc aussi la fraternité – s'enracinent dans la foi en Dieu créateur et en Jésus-Christ, le frère aîné d'une multitude. Fraternité et responsabilité. Comme dans une famille, la fraternité ne va pas sans responsabilité d'entretenir les liens mutuels. Dans la société le degré de fraternité se mesure à la place qu'elle fait aux plus faibles de ses membres : personnes handicapées, âgées, sans travail, immigrés, etc... Au moment où s'achève dans le silence médiatique la révision de la loi de bioéthique médicale, les évêques de France ont fait part de leur inquiétude : ''Une société peut-elle être fraternelle lorsqu'elle n'a rien de mieux à proposer aux mères en détresse que l'élimination de l'enfant qu'elles portent ? Peut-elle être fraternelle lorsqu'elle organise la naissance d'enfants qui n'auront pas de père, tout au plus un géniteur ? Peut-elle être fraternelle lorsqu'elle renonce à reconnaître les rôles de la mère et du père ? ''. Dans le contexte de crise engendrée par la pandémie, le combat pour la fraternité redouble d'urgence. ''Qu'as-tu fait de ton frère ?'' demandera Dieu à chacun. Ne baissons pas les bras, soyons avec ceux qui, sans naïveté et sans peur, croient possible la fraternité et agissent pour la faire vivre.
René-Claude GUIBERT, prêtre auxiliaire
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